Calendrier de l’Avent

Donner la parole à l’autre, pour lui donner l’occasion de dire son besoin,
son désir

Jésus s’arrêta et ordonna qu’on lui amène l’aveugle assis au bord du chemin pour mendier.
Quand l’aveugle fut près de lui, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, fais que je voie de nouveau ! » Et Jésus lui dit : « Eh bien, vois à nouveau ! Ta foi t’a sauvé. » Aussitôt, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en louant Dieu.
Toute la foule vit cela et se mit aussi à louer Dieu.

La Bible, Evangile de Luc, chapitre 18, versets 10 à 43.

Se taire, pour que l’autre prenne la parole avec des mots ou des gestes

Cela se passait sur le terrain de jeu d’un centre de rééducation fonctionnelle pour handicapés. Jean-François, dix ans, appareillé aux deux jambes, trébuche et tombe à terre.
Passe son éducateur :

– « Christian, viens me relever ! »

– « … »

– «Christian, viens me relever !»

– « … »

L’éducateur se contente de le regarder avec un grand sourire.
Pleurant et tempêtant, Jean-François commence à s’appuyer sur ses bras, sur son derrière et finit par se remettre debout. Tout clopinant, il se jette sur Christian qui lui ouvre tout grand ses bras, toujours souriant.
-« Tout seul !, tu as vu je me suis relevé tout seul ! » Et Jean-François de s’arrêter une seconde. Puis il lui dit dans un cri : « Non, pas tout seul ! Tu étais là »…
-« Oui, Jean-François, répond Christian. Et je t’aiderai toujours. Mais comme ça ! »

La recevoir même si les mots de l’autre ne sont pas les miens

Copains, co-pain

L’histoire se passe en Italie, vers 1936, en pleine période fasciste. Pietro Spina, fils d’une grande famille paysanne, rêve de concilier socialisme et christianisme authentiques.
Traqué par toutes les polices du pays, Pietro vit donc hors-la-loi. Cerné de près par les gendarmes, il se réfugié dans une étable immonde et noire où il va partager, pendant un bout de temps, l’existence d’un âne et de quelques souris. Le hasard fait que le sourd-muet du village, Infante, découvre la cachette de Pietro, mais il garde le secret et vient souvent lui
tenir compagnie. A vrai dire, il n’est sourd qu’à demi, s’il n’a pas appris à parler, c’est parce que personne ne s’est occupé de lui.
« Chaque soir », raconte Pietro, « je l’attendais. Quand tout le village dormait, je l’entendais arriver, retirer la porte branlante de l’étable et entrer. Il s’étendait sur la paille entre l’âne et moi, et me murmurait quelquefois à l’oreille des monosyllabes incompréhensibles. J’avais en
somme, trouvé des compagnons. « Compagnie », du reste, fut le premier mot nouveau qu’Infante apprit de ma bouche. Il savait déjà dire pain qu’il prononçait pa-ain » ; je lui appris alors, par gestes, que des êtres humains qui mangent le même pain deviennent cum-pane, co-pains. Le lendemain même, Infante me donna une preuve de son intelligence et de son plein accord avec ma façon de sentir en me montrant des souris qui  gambadaient dans la paille à la recherche de miettes de pain, et en me murmurant à l’oreille : « Copains ». Et, à partir de ce moment-là, il se mit à offrir chaque jour à l’âne un croûton de pain pour qu’il fît partie de notre compagnie … »

La recevoir qu’elle soit parole faite de mots ou faite de gestes, de cris…

Donner à l’autre la parole, avec ses mots à lui !

Il y avait en France un jongleur, nommé Barnabé, qui allait par les villes. Les jours de foire, il étendait sur la place publique un vieux tapis, et, se tenant sur les mains la tête en bas, il jetait en l’air et rattrapait avec ses pieds six boules de cuivre qui brillaient au soleil ou jonglait avec des couteaux. Un
certain soir, il vit sur la route un moine qui suivait le même chemin, et le salua honnêtement. Comme ils marchaient du même pas, ils se mirent à échanger des propos.
— Compagnon, dit le moine, d’où vient que vous êtes habillé tout de vert ?
— Mon Père, répondit Barnabé. Tel que vous me voyez, je suis jongleur. Ce serait le plus bel état du monde si on y mangeait tous les jours.
— Ami Barnabé, reprit le moine, prenez garde à ce que vous dites. Il n’y a pas de plus bel état que l’état monastique.
Barnabé répondit :
— Je voudrais bien comme vous, mon Père, chanter tous les jours l’office, et spécialement l’office de la très sainte Vierge, à qui j’ai voué une dévotion particulière.
Le moine fut touché de la simplicité du jongleur, et lui répondit :
— Ami Barnabé, venez avec moi, et je vous ferai entrer dans le couvent dont je suis prieur.
C’est ainsi que Barnabé devint moine. Dans le couvent où il fut reçu, les religieux célébraient à l’envi le culte de la sainte Vierge, et chacun employait à la servir tout le savoir et toute l’habileté que Dieu lui avait donnés. Le prieur, pour sa part, composait des livres. Le Frère Maurice copiait, d’une main savante, ces traités sur des feuilles de vélin. Le Frère Alexandre y peignait de fines miniatures… .
Voyant un tel concours de louanges et une si belle moisson d’œuvres, Barnabé se lamentait de son ignorance et de sa simplicité. Un matin, s’étant réveillé tout joyeux, il courut à la chapelle et y demeura seul pendant plus d’une heure. Il y retourna l’après-dîner.
Et, à compter de ce moment, il allait chaque jour dans cette chapelle, à l’heure où elle était déserte, et il y passait une grande partie du temps que les autres moines consacraient aux arts libéraux et aux arts mécaniques. Il n’était plus triste et il ne gémissait plus.
Une conduite si singulière éveilla la curiosité des moines. On se demandait, dans la communauté, pourquoi le frère Barnabé faisait des retraites si fréquentes.
Le prieur résolut d’observer Barnabé pendant ses solitudes. Un jour donc que celui-ci était renfermé, comme à son ordinaire, dans la chapelle, le prieur vint, accompagné de deux anciens du couvent, observer, à travers les fentes de la porte, ce qui se passait à l’intérieur. Ils virent Barnabé qui, devant l’autel de la sainte Vierge, la tête en bas, les pieds en l’air, jonglait avec six boules de cuivre et douze couteaux. Il faisait, en l’honneur de la sainte Mère de Dieu, les tours qui lui avaient valu le plus de louanges.
Le prieur savait que Barnabé avait l’âme innocente ; mais il le croyait tombé en démence. Ils s’apprêtait à le tirer vivement de la chapelle, quand ils virent la sainte Vierge descendre les marches de l’autel pour venir essuyer d’un pan de son manteau bleu la sueur qui dégouttait du front de son jongleur.
Alors le prieur, se prosternant le visage contre la dalle, récita ces paroles :
— Heureux les simples, car ils verront Dieu !
— Amen ! répondirent les anciens en baisant la terre.
Mystère du Moyen âge.

S ’entraîner à donner et recevoir la parole de l’autre

Pour les virelangues, il faut de l’entraînement. Et pour donner la parole à l’autre et l’écouter ?… Ecoutez :

Kiki était cocotte, et Koko concasseur de cacao.
Kiki la cocotte aimait beaucoup Koko le concasseur de cacao. Mais Kiki la cocotte convoitait un coquet caraco kaki à col de caracul. Koko le concasseur de cacao ne pouvait offrir à Kiki la cocotte qu’un coquet caraco kaki mais sans col de caracul.
Or un marquis caracolant, caduque et cacochyme, conquis par les coquins quinquets de Kiki la cocotte, offrit à Kiki la cocotte un coquet caraco kaki à col de caracul. Quand Koko le concasseur de cacao apprit que Kiki la cocotte avait reçu du marquis caracolant, caduque et cacochyme, un coquet caraco kaki à col de caracul, il conclut : je clos mon caquet, je suis cocu !

Donner la parole à l’autre c’est lui donner vie

Le pouvoir de dire

Vivre, c’est le pouvoir de dire :
« je suis toujours le même »
alors que chaque jour me rend différent.
Vivre, c’est le pouvoir de dire :
« je suis celui que je deviens »
alors que mes racines me font celui que j’ai été
Vivre, c’est le pouvoir de dire :
« je suis ici »
alors que je suis déjà ailleurs.
Vivre, c’est le pouvoir de dire :
« je suis vivant »
alors que sans cesse je passe par la mort

Jean Debruyne, « les 3 saisons d’aimer » 1981

Dans le brouhaha actuel, entre recherche d’informations et discours
complotistes, soyons certains du pouvoir de nos paroles

A quelle source nous abreuver sans nous empoisonner ? Quelle source sommes-nous pour ceux qui s’approchent de nous ?
Nous commettons tous des erreurs, de bien des manières. Ne jamais commettre d’erreur dans ce que l’on dit, c’est être parfait, capable aussi de se maîtriser entièrement. Si nous mettons un mors dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons aussi leur corps tout entier.
Voyez encore les navires : même s’ils sont très grands, et que des vents violents les poussent, on les dirige avec un très petit gouvernail, et ils vont là où le pilote le veut.
De même, la langue est une petite partie du corps, mais elle peut se vanter d’être la cause d’effets considérables. Voyez comme un petit feu suffit à mettre en flammes une grande forêt ! La langue aussi est un feu. Avec la langue, c’est le monde de l’injustice qui s’installe dans notre corps, elle infecte notre être entier. Elle embrase tout le cours de notre existence,
étant elle-même embrasée par le feu provenant de l’enfer. (…)
De la même bouche sortent des paroles de bénédiction ou de malédiction. Mes frères et sœurs, il ne faut pas qu’il en soit ainsi ! Aucune source ne donne, par la même ouverture, de l’eau douce et de l’eau amère.

La Bible, Epitre de Jacques chapitre 3 versets 2 à 11

Quand je donne à l’autre la parole, nous voilà ensemble !

Ensemble

Il n’y avait plus rien à dire
Il y aura
Et pas seulement à dire
Mais à faire
A faire ensemble
Envers et contre
La pesanteur
Le droit d’aînesse
Les mouches à viande
Le profit
A faire quoi ?
Des lois qui seront des dons
Des effets qui seront des causes
Communes
De bonheur
Pour tous en tous enfin
De l’Être.

Jean Rousselot.  In Poèmes à crier dans la rue. J.M. Henry et L. Corvaisier. Editions Rue du Monde 2007

Être ensemble du fait de notre écoute de l’autre, il faut souvent y être
poussé.

J’avais trente ans lorsque le roi est devenu fou. Nous avons vu arriver la troupe, et le capitaine a affiché sur la porte de l’Eglise une déclaration du roi, puis il est reparti.
La déclaration signée du roi nous demandait de changer, de ne plus être comme avant. Il nous enlevait le curé et l’aubergiste. Et en effet, le curé et l’aubergiste ont quitté le village, sans même nous dire au revoir, sans nous laisser de consignes.
Nous avons été longtemps tristes et sans force, puis l’un des notre, Antoine, nous a demandé d’aller chercher du vin.
C’est ainsi que ce jour-là sur le coup de midi, nous étions tous là : hommes, femmes, enfants.
Nous avons ouvert l’auberge, nous nous y sommes installés et nous avons bu, mangé, joué et bavarder.
Puis dans le calme du soir Lucie a demandé le silence et a pris la parole. Elle nous a dit que nous étions des lâches et que cela ne pouvait continuer ainsi. Pour commencer, elles, les femmes, exigeaient qu’on leur construise un lavoir.
C’est Antoine qui nous a poussés à les écouter, à nous organiser pour  construire le lavoir.
Pour terminer cette nuit étrange, Joseph le fou a levé la main pour demander la parole. Nous avons éclaté de rire. Antoine s’est fâché et a dit que Joseph avait les mêmes droits que tout le monde, et qu’il parlerait. C’est ainsi que pour la première fois nous avons écouté Joseph. Il dit doucement qu’il aimerait faire un petit jardin devant chaque maison.
Le jour se levait quand nous sommes allés nous coucher.
Depuis ce moment, tout avait changé et rien n’avait changé… Les mêmes difficultés, les mêmes charges… mais nous, nous n’étions plus les mêmes. Aujourd’hui, il y a un joli chemin qui longe le village et un grand lavoir.
Un jour, le roi est venu nous voir. Sans escorte, sans armure. Il a souri tout le jour en se promenant dans le village. Il est parti l’après-midi, avec à la boutonnière une fleur que Joseph lui avait offerte.

Ecouter l’autre, parce que nous sommes parties d’un même corps.

L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi ! » Et la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ! »
Au contraire, même les parties du corps qui semblent les plus faibles sont nécessaires.
Et les parties que nous jugeons les moins respectables, nous les respectons davantage. Celles qu’on ne doit pas voir, nous nous en occupons avec plus de soin.
Les parties de notre corps qu’on peut voir n’ont pas besoin de tous ces soins. Mais Dieu a fait le corps en donnant plus d’honneur aux parties les moins respectables.
Alors il n’y a pas de division dans le corps. Au contraire, toutes ses parties prennent soin les unes des autres.
Si une partie du corps souffre, toutes les autres parties souffrent avec elle. Si une partie est à l’honneur, toutes les autres partagent sa joie.
Vous, vous êtes le corps du Christ, et chacun de vous est une partie de ce corps.

La Bible, première lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 12, versets 21 à 27.

Pas si simple…

Si souvent à côté de la cible…

« Prends ton goûter » ; « N’aie pas froid » ; « Tu rentres quand ? »…
Comment les mots qui se pressent sur nos lèvres échappent-ils à l’oreille de leur destinataire ? Tans de maladresse, unie à tant de bonne volonté, ne manque pas de surprendre ! Si souvent à côté de la cible, un peu à côté de soi, et de l’autre qu’on cherchait à rejoindre. Nos désirs se croisent sans se rencontrer (…) C’est si rarement le bon moment pour les deux en même temps.
Parfois, loin d’être gauches ou vides, les mots les plus dévalués servent de passerelle. Des mots passe-partout, comme le temps qu’il fait ou « ça va ? ». Des mots de rien, des mots de tout ; l’huile dans les rouages de la machine humaine qui portent le jeu, l’échange et la tendresse. La vie parle plus haut que nous.

Colette Nyss-Mazure, célébration du quotidien, DDB 1997, p133 et s

Dire notre être ensemble comme un refrain nécessaire

Courrier pour Monsieur Gerard

« Il y a du courrier pour moi ? » chaque jour, il pose la question. Il faut bien le connaître pour voir la tension dans son visage, les yeux qui se plient un peu, le petit tremblement de sa bouche. Ses cheveux blancs ne sont pas encore peignés. Il va toujours demander dès qu’il est levé.
« Attendez », lui dit Monique « je vais voir tout de suite Monsieur Gerard » Elle va aux casiers pour le courrier et regarde. « Pas aujourd’hui, Monsieur Gerard. »
Si quelqu’un se trouvait là à cet instant, et s’il entendait ce « pas aujourd’hui, Monsieur Gérard », il penserait certainement que Monsieur Gérard doit recevoir du courrier tous les jours. Mais ce n’est pas le cas. Monsieur Gérard ne reçoit jamais de courrier. Depuis les 14 ans qu’il habite dans cet EHPAD il n’a encore jamais reçu du courrier.
Mais chaque jour, il va à l’accueil et demande. Et c’est pour cette façon qu’a Monique de dire « aujourd’hui » dans son « pas aujourd’hui » qu’il l’aime énormément.

Traduit de « andere zeiten », calendrier de l’avent allemand

Par nos paroles, construire demain en s’encourageant mutuellement

Ta parole est une lampe devant mes pas, une lumière sur mon sentier.
La Bible, psaume 119, verset 105

La lampe que l’on porte à la main n’éclaire pas bien loin. Juste quelques mètre, juste un peu après, pour éviter l’obstacle, discerner les carrefours. Et ce n’est pas si simple, il faut la lever haut pour voir un peu. Mais on voit
tellement mieux quand un autre porte la lampe et marche juste devant ou à côté de nous.
On dit que « l’expérience est une lumière qui n’éclaire que celui qui la porte ». ce n’est pas toujours vrai ; parfois l’expérience que j’ose partager ouvre à l’autre l’espace pour raconter la sienne.
Oser le partage, Paul en parle ainsi :
« Plus encore, je désire être parmi vous pour que nous recevions ensemble un encouragement, moi par votre foi et vous par la mienne. »

La Bible, lettre de Paul aux chrétiens de Rome, chapitre 1 verset 12.

Construire demain, où la participation de chacun pèse

« Combien pèse un flocon de neige ? » demanda la mésange charbonnière à la colombe.
« Rien d’autre que rien », fut la réponse.
Alors la mésange raconta une histoire :
« J’étais sur la branche d’un sapin, quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Comme je n’avais rien d’autre à faire, je commençai à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais.
Il en tomba 4973. Lorsque le 4974ème tomba – rien d’autre que rien, comme tu dis – la branche cassa. »
Sur ce, la mésange s’envola.
La colombe, une autorité en matière de paix depuis l’époque d’un certain Noé, réfléchit un moment et se dit :
« Peut-être ne manque-t-il qu’une personne, le poids de rien, pour que le travail accompli par tous porte ses fruits, pour que le monde bascule dans la paix. »

Comme une lampe torche, la parole que l’autre m’offre éclaire mon chemin

Si la note disait: ce n’est pas une note qui fait une musique…
il n’y aurait pas de symphonie
Si le mot disait : ce n’est pas un mot qui peut faire une page
il n’y aurait pas de livre
Si la pierre disait : ce n’est pas une pierre qui peut monter un mur…
Il n’y aurait pas de maisons…
Si la goutte disait : ce n’est pas une goutte d’eau qui peut faire une rivière…
Il n’y aurait pas d’océan.
Si le grain de blé disait : ce n’est pas un grain de blé qui peut ensemencer un champ…
Il n’y aurait pas de moisson ni de pain.
Si l’homme disait : ce n’est pas un geste d’amour qui peut sauver l’humanité…
Il n’y aurait jamais d’amitié et de paix sur la terre.
Comme la maison a besoin de chaque pierre.
Comme l’océan a besoin de chaque goutte d’eau,
Comme la moisson a besoin de chaque grain de blé.
Dieu a besoin de nous là où nous sommes, uniques, et donc irremplaçables.

Michel Quoist, Parle-moi d’amour

Une construction joyeuse

Fais danser les mots

Danse ! Frappe des mains !
Fais surgir la mélodie ! Fais éclater le présent !
Découvre le miracle de l’aube fracturant la noirceur de la nuit.
Fais danser les lettres, les voyelles amoureuses, de lointaines consonnes.
Fais danser les mots pour qu’ils deviennent des oiseaux.
Écris le chant joyeux de la guérison,
Le chant précieux de la délivrance.
Ainsi tu te souviendras de ton futur…

Rabbi Nahman de Braslav

En mots, en sourires, nos paroles échangées construiront la paix

Tenir une lampe allumée

Il suffit d’un regard…
D’un regard heureux
D’un regard malheureux
D’un regard malin
Pour ne plus avoir de chagrin
D’un regard amical
Pour ne plus connaître le mal
D’un regard de pardon
Pour oublier l’affront
D’un regard d’amitié
Pour pouvoir partager
D’un regard du cœur
Pour connaître le bonheur
Un regard, c’est important
A tout moment.
Il suffit d’un regard

Marc (détenu dans un cahier n°4 justice et prisons 2006)

Construire, faire advenir

Communiquer, c’est transmettre quelque chose à quelqu’un. En revanche, parler, c’est rendre présent quelqu’un à quelqu’un, c’est faire advenir une présence à une autre présence.

Jean Ansaldi. Grande Langue, un pouvoir de vie ou de mort. Edition Du Moulin. Page 7

Mais dans quelle langue parle Dieu ?

Parler Dieu

Je savais l’art
de parler aux nouveaux-nés
comme l’on parle à Dieu :
« Mon chérubin »
« Mon jésus »
« Je t’adore »
« Mon trésor »…
mais lui, ce nouveau-né,
était venu m’apprendre
à parler à Dieu
Comme on parle à un enfant.
Il me restait à apprendre
à parler Dieu

Jean Debruyne, « les 3 saisons d’aimer » 1981

Lui donner la parole ? mais d’habitude c’est moi qui lui fait la liste de mes
besoins.

C’est votre faute

– Tout se retourne contre moi, disait un homme à Martin Luther. Aucun de mes souhaits se réalise. Mes espoirs sont déçus, mes projet ne se réalisent pas.
– Mon cher ami, c’est votre faute.
– Ma propre faute ?
– Oui, dit Luther. Pourquoi priez-vous chaque jour en disant : « Que ta volonté soit faite » ?
Vous devriez dire : « Que MA volonté soit faite ! » Mais si vous priez pour que la volonté du Seigneur soit faite, et non la vôtre, soyez satisfait si Dieu fait comme vous l’en avez prié.
Et nous, ne prions-nous pas souvent avec le désir de voir nos propres projets réalisés et notre volonté satisfaite ? Sachons réviser, s’il le faut notre manière de prier, afin que nos demandes soient en accord avec le volonté de Dieu.

Donner la parole à Dieu, c’est entendre un amour sans condition

Grâce inconditionnelle

La reine d’Angleterre Elisabeth I reçut un jour une demande de grâce en faveur d’un homme qui avait participé à un attentat contre elle, en tant que fidèle partisan de la reine d’Ecosse Marie Stuart.
Elle demanda, qu’on le lui amenât et lui posa cette question :
– Si je vous accorde la grâce que vous sollicitez, ce ne peut être que sous certaines conditions, n’est-ce pas ?
– Non, votre majesté, répondit l’homme. Une grâce accompagnée de conditions n’est plus une grâce.
La reine dut en convenir. N’avait-il pas raison ? Elle lui déclara :
– Je vous gracie donc immédiatement et sans aucune condition.
Elle en fut récompensée, car cet homme devint dès lors le plus fidèle sujet de la reine, celui qui était tout dévoué à sa cause.

Fêter Noël, c’est fêter une parole enfant

La parole est un enfant

Cette nuit la parole est un enfant
l’inutile se produit
cette nuit tout est gratuit
La parole est un enfant
Un clown fils de saltimbanque
La Parole est un enfant
dangereux et obstiné
Comme tous les nouveaux-nés !

Jean Debruyne, « les 3 saisons d’aimer » 1981

Donner la parole à Dieu, ne pas l’emprisonner dans nos mots

Nommer un nouveau-né,
ce n’est pas le décrire
ce n’est pas l’emprisonner dans un mot
ce n’est pas en faire une idée
l’enfermer sous une étiquette.
Le nom est un acte de relation,
un acte de correspondance
un rendez-vous pour une action
un vivant pour un vivant
nom propre et non pas nom commun.
La Bible nous dit que Dieu est un nom.
Nommer un nouveau-né c’est prendre la Parole.
Celui-ci s’appelle Jeshua, Dieu sauve
Emmanuel, Dieu avec nous !

Jean Debruyne, « les 3 saisons d’aimer » 1981

Noël vu par l’écrivain de l’Evangile de Jean : En Jésus la Parole de Dieu se fait chair

Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu.
Au commencement, la Parole était avec Dieu.
Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n’a rien fait sans elle.
En elle, il y a la vie, et la vie est la lumière des êtres humains.
La lumière brille dans la nuit, mais la nuit ne l’a pas reçue.
Dieu a envoyé un homme qui s’appelait Jean.
Il est venu comme témoin pour être le témoin de la lumière, afin que tous croient par lui.
Il n’était pas la lumière, mais il était le témoin de la lumière.
La Parole est la vraie lumière. En venant dans le monde, elle éclaire tous les êtres humains.
La Parole était dans le monde, et Dieu a fait le monde par elle, mais le monde ne l’a pas reconnue.
La Parole est venue dans son peuple, mais les gens de son peuple ne l’ont pas reçue.
Pourtant certains l’ont reçue et ils croient en elle. À ceux-là, la Parole a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
Et ils sont devenus enfants de Dieu en naissant non par la volonté d’un homme et d’une femme, mais de Dieu.
La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C’est la gloire du Fils unique, plein d’amour et de vérité.
Jean est son témoin. Il affirme d’une voix forte : C’est de lui que j’ai parlé quand j’ai dit :
« L’homme qui vient après moi est plus important que moi, parce qu’il existait déjà avant moi. »
Oui, nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus.
Dieu nous a donné la loi par Moïse, mais l’amour et la vérité sont venus par Jésus-Christ.
Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit auprès du Père, nous l’a fait connaître.

La Bible, évangile de Jean, chapitre 1, versets 1 à 18